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Cahiers du Cinéma
19/03/01



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Versailles, rive gauche
Camille Nevers

Versailles, rive gauche est l'histoire d'un type (Arnaud) qui rate sa mise en scène. Et, du même coup, d'un type (Bruno Podalydès) qui réussit la sienne...
Arnaud est un gentil jeune homme un peu nerveux, habitant à la station de RER "Versailles rive gauche" (terme à terme, c'est plutôt contradictoire), dans un minuscule studio, qui ce soir attend une jolie fille, et la nuit promet d'être riche en événements. On assiste à la mise en place classique de l'apprenti tombeur cinéphile (Les Cahiers du Cinéma posés en évidence, des affiches de films illustres aux murs, des photos de Doinel, des piles d'albums de Tintin, et un arrière-fond de "grande musique"), en même temps qu'on voit errer la jolie fille, Claire, visiblement perdue dans cette banlieue paumée ("Rive Gauche"!). Dans la salle, il y a une étrange impression de déjà-vu, et on se dit qu'il va falloir se payer une énième version d'un énième tâcheron appliqué de la Nouvelle Vague. On est vite détrompé.
En fait, à cause d'une banale et on ne peut plus triviale histoire de papier toilette, toute la petite et subtile mise en place d'Arnaud commence progressivement à s'effriter, et puis s'écroule carrément. Peu à peu, l'espace du studio, presque parfait pour l'habiter à deux, se rapetisse à mesure que des intrus de tous poil font irruption. Ce n'est pas sans rapport avec la scène de la cabine d'Une nuit à l'opéra, à la différence qu'Arnaud ressemble d'avantage à Woody Allen qu'à Groucho Marx, et en tout cas, c'est drôle. A première vue, ce marivaudage de vaudeville paraît bien simple, mais il faut avoir observé comment Bruno Podalydès, pas m'as-tu vu pour un sou, occupe l'espace restreint qu'il s'est imposé (je vous conseille la visite des toilettes) au maximum de ses capacités, comment il campe rapidement et intelligemment chacun de ses personnages, pour discerner là-dessous autre chose qu'un léger courant d'air. Pour peu qu'on apparente Versailles, rive gauche à la comédie américaine - du côté de Léo Mac Carey ou Preston Sturges - plutôt qu'à "la scène de chambre avec fille", alors, on est en droit d'espérer du jeune cinéaste, dont c'est le premier moyen métrage, sa prochaine scène de ménage...

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